Qui a le droit de répondre à une question pareille ? Tu es sain d'esprit, toi qui te déguise en colonel pour aller bouffer des surgelés chez des inconnus ?
Je proteste, dans une réaction de défense: ce n'était pas du surgelé, c'était du sous-vide.
Si vous ne lisez que ces lignes;
Cauwelaert nous signe encore une fois une fable moderne en forme d'ode à la poésie, l'amour et la liberté. Comme un parc au milieu des immeubles gris et moches de nos vies (lles), on en ressort plus leger mais aussi plus vivant.
Didier Van Cauwelaert
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK1woAM8PdMX9p2HEcNEQc2uKKdCHVqb1L5YePXdQtGUDFp64kIMdDAeuQPjlCWMj3DiCVpvGwvCtSzEzzjsB9kB7h7fExkzvy3E94V6kXTdseqb2UEVi6nQIyyPZsn4AKHa4KF9DyBirE/s1600/cauw-ginies-sipa.jpg)
Au théâtre, il a reçu le Molière 1997 du meilleur spectacle musical pour son adaptation du Passe-muraille, avec Michel Legrand. Ses pièces lui ont valu le grand prix du théâtre de l'Académie française. Au cinéma, après Un aller simple (réalisé par Laurent Heynemann, avec Jacques Villeret, Lorànt Deutsch, Barbara Shulz) et L’Éducation d’une fée (réalisé par José Luis Cuerda, avec Ricardo Darin et Irène Jacob), ses romans Hors de moi et L’Évangile de Jimmy sont en cours d’adaptation aux États-Unis. Auteur prolixe, il publie en 2013 La femme de nos vies aux éditions Albin Michel. En octobre 2013 paraissent un essai, Dictionnaire de l'impossible (Plon) et un guide, Au pays des abeilles (Michel Lafon).
Le pitch
Thomas, ex playboy des pistes et dresseur de chiens de sauvetage au Grand-Bornand , travail à Paris à la Sacem, dans un poste qui l'ennui. Thomas ne s'aime pas. Thomas se vit comme un néant animé. Au fond, Thomas ne sait pas qui il est.
Comme il ne m'arrivait pas grand-chose, je conservais l'espoir et je tuais le temps: les journées ne passaient pas plus vite mais elles laissaient moins de traces.
Ce que j'en ai pensé
Si l'humanité était rangée dans des cases en fonction des
variétés de folies douces, je pense que je serais dans une coordonnée se
situant proche de celle de Didier Van Cauwelaert. Forme de résistance poétique
à la réalité, ce roman, tout comme L'éducation d'une fée (par exemple),
est une ode à l'amour, la liberté et aux grains de folies.
La recette est connue, mais elle fonctionne à merveille; une femme forte et fragile rencontre un homme en devenir et l'aide à grandir. Profondément ancrés dans la griserie de notre société, englués dans le "métro-boulot-dodo", les personnages se dé-mazouteront, évidemment. Tout la question est de savoir grâce à quels procédés et outils...
Edmée, Thomas et Hélène sont des Don Quichotte préférant imposer à la
réalité plutôt que de se faire imposer des chemins de vie par la société, les
bonnes mœurs et le "qu'en dira-t-on". Contrairement au déni de
réalité que Michel Onfray à put voir dans la célèbre œuvre de Cervantès, c'est
ici en raison d'une trop claire et objective vision de la réalité que les
personnages choisissent de créer d'autres cheminements pour leurs vies, une
résistance non-violente, initiant du changement, forçant les dés qui leurs sont
distribués. Ouvreur d'espaces de libertés, montreur de possibles, Didier Van
Cauwelaert semble vouloir chuchoter à chacun une vibrante et joyeuse injonction
à vivre sa vie au travers de ses romans.
Ainsi, Edmée se créée une fille et un fantôme, Thomas choisit d'endosser le
rôle du fantôme et Hélène choisit la folie à la mort. La vie, toujours la vie
plutôt que la mort, qu'elle soit cérébrale, physique, amoureuse ou
sociale...
L'écriture de
Cauwelaert, précise, drôle et très imagée m'a procuré un grand plaisir de
lecture et la sensation d'en avoir lu beaucoup quand seule une phrase était
passée parfois... Ouvrant des brèches dans notre imagination, son histoire se
construit en complicité avec l'imagerie interne du lecteur dans un jeu jouissif
et facile. Il y a de l'enfant grave ou de l'adulte joyeux dans ces romans, et
une simplicité pour le lecteur de retrouvé cet être là au fond de soi au
travers de sa lecture.
Au travers
d'histoires et de personnages cachant une profondeur voir même une gravité sous
leur loufoqueries, Cauwelaert écrit une histoire profondément adulte et concernante,
tout en distillant une magie des "instants". Cette écriture, propre à cet auteur,
est à la fois distrayante et philosophique, voir même sociologique par
moments.
Petite fable
traitant des familles, celles que l'on se choisit et celles que l'on peut
parfois subir, ce roman pose les équations d'un problème où désir de ne pas
blesser et besoin de se réaliser se confrontent. Mais aucune solution n'est
posée comme idéale et chacun devra choisir les responsabilités qu'il choisit
d'endosser... Peut-être est-ce là la morale de cette histoire ?
Edmée
Germain-Lamart est engloutie de travers dans le canapé défoncé, un
châle sur les épaules, jambes croisées, en train de lire. A ses pieds,
un magnétophone est posé devant la cheminée murée, diffusant le
crépitement d'un feu de bois.
En résumé
Les plus;
- Une histoire proche d'une fable, jolie et légère,
- des personnages attachants et loufoques,
- une réflexion de fond intéressante, tant sur les plans personnels que sociologiques,
- la poésie et l'humour de Cauwelaert.
Les moins;
- Une "recette" attendue chez cet auteur,
- un livre qui pose des questions sans donner de réponse (mais ça n'est pas vraiment négatif à mon sens).
On s'aimera tant qu'on s'aimera; avec cette délicieuse sensation du
provisoire qui s'installe dans la durée sans qu'on en ait conscience.
En conclusion
Une histoire jolie et charmante qui
dévoile peu à peu des thématiques plus profondes. Des personnages drôles et un
brin fous, défiant la norme et les chemins de vie tout tracés. Une lecture très
agréable même si certaines ficèles de Cauwelaert deviennent identifiables après
la lecture de plusieurs de ses romans.
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