- J’avais oublié... t’es rital, dit Charlie.
T’es à fond dans cette merde de John Travolta et des Bee Gees. Je suis sûr que,
le week-end, tu te sapes comme Deney Terrio pour aller danser sur du Donna
Summer. Allez, avoue que c’est vrai. Pas la peine de nier.
Si vous ne lisez que ces lignes;
Une plongée le Brooklyn des années 80, dans les pas de
Mickey, jeune adulte oscillant entre looser magnifique et paumé pathétique.
Entre son petit boulot à la poissonnerie et ses rêves d'études à l'université,
c'est avec plaisir que l'on suit cette tranche de vie au fil d'une plume fluide
et agréable.
Jason Starr
Né dans le quartier de Brooklyn, le petit Jason a d'abord
été davantage intéressé par les sports (le baseball, le tennis, les courses de
chevaux...) que par la littérature. Ce n'est qu'à l'université qu'il commence à
écrire de la fiction et des pièces de théâtre.
Éprouvant des difficultés à se faire publier, il exerce divers petits métiers : plongeur, analyste financier, assistant de publication, télévendeur, avant de vivre de sa plume. Ces expériences se retrouvent dans ses premiers ouvrages, comme dans Simple comme un coup fil, où Bill Moss, le narrateur, est agent de vente dans une agence de télémarketing.

Dans les années 90, quelques-unes de ses pièces sont
joués par la compagnie de théâtre "Off-Off" de Broadway. Mais c'est
avec son premier roman noir, Cold Caller (Simple comme un coup de fil), publié
en 1997, que Jason Starr se fait remarquer en littérature. Les romans qui
suivront, toujours des thrillers haletants et sombres, susciteront tous un
intérêt critique et un succès auprès du public.
En 2006, Jason Starr co-écrit avec Ken Bruen Bust
(Sombres Desseins), qui devient aussitôt un best-seller. Les deux écrivains
renouvellent alors leur collaboration pour un second ouvrage, Slide, paru en
2007.
Traduits dans neuf langues, les oeuvres de Jason Starr occupent une place majeure dans la littérature américaine contemporaine, à côté de celle d'écrivains comme Daniel Woodrell, Bret Easton Ellis, Allan Guthrie.
Traduits dans neuf langues, les oeuvres de Jason Starr occupent une place majeure dans la littérature américaine contemporaine, à côté de celle d'écrivains comme Daniel Woodrell, Bret Easton Ellis, Allan Guthrie.
Il est également l'auteur de numéros de comics
dont Justice, Inc.. (2009-2010), Sand (2010), First Wave
Special #1 (2011), Wolverine Max(2012), Punisher Max (2012).
Plusieurs projets d’adaptations de ses romans au
cinéma et à la télévision sont en cours, les plus avancés étant ceux de ses
romans The Follower (Harcelée) par Brett Easton Ellis et Tough
Luck, Petit joueur, publié aux éditions Denoël, par Michael Rapaport.
Vous pouvez également suivre son activité depuis son site officiel.
Le pitch
Plongée d'un
réalisme criant dans le Brooklyn des années 80, Petit Joueur brosse
l'implacable «portrait d'un jeune homme qui se noie».
Brooklyn, 1984. Alors que la mode disco est balayée par la déferlante hip-hop, le jeune Italo-Américain Mickey Prada, lui, n'a guère envie de danser. Avant même sa majorité, il doit trimer dans une poissonnerie pour subvenir à ses besoins et à ceux de son père, un ancien joueur invétéré malade d'Alzheimer.
Pourtant, Mickey a d'autres ambitions : il économise depuis des années pour payer ses études et vivre enfin sa vie. En attendant, il arrondit ses fins de mois en collectant des paris pour un bookmaker. Et, lorsqu'un client aux allures de mafioso lui demande de jouer pour lui, il n'ose pas refuser, quitte à mettre le doigt dans un engrenage dangereux...
Pour se libérer, enfin de l'odeur de poisson et de poisse qui lui colle à la peau, Mickey va alors miser sur un coup bien plus grand que ses économies : son avenir.
256 pages, 155 x 225 mm
Mickey
commanda un coca et et Chris un lait chocolaté. Comme d'habitude, Chris se mit
à draguer Maria. Il lui dit combien elle était sexy ce soir et lui demanda si
elle accepterait de l'épouser un jour. Maria réagit en bonne copine, riant et
jouant le jeu, même si Mickey se doutait bien qu'elle devait en avoir sa claque
de venir bosser ici tous les soirs pour se faire entreprendre par des ados
obsédés.
Ce que j'en ai pensé
Ne
connaissant pas vraiment le genre policier, ou la littérature traitant des
mafias, c'est avec plaisir que j'ai lu Petit joueur qui se classe certainement
au-delà de ces étiquettes littéraires.
Certes,
Mickey à maille à partir avec des personnages louches, et tentera bien des
choses pour s’échapper d'une vie étriquée entre un père malade et un
petit boulot qui ne correspond pas à ses rêves (pourtant peu ambitieux),
d'études de comptabilité universitaires.
Pourtant,
au delà de ces embuches, c'est Brooklyn qui m'a semblé être le véritable
personnage de ce roman, toile de fond mais également quartier à la vie
grouillante, symbiotique avec ses occupants humains.
Tranche
de vie donc de ce quartier mythique, au travers de jeunes désœuvrés, donnés
perdants d'avance de par le lieu et leur milieu social de naissance. Et
pourtant.... En miroir, l'auteur en est un contre-exemple.
Fluide,
simple, la plume de l'auteur se lit avec plaisir, déroulant le fil de son récit
et les images lui correspondant comme autant de polaroids jaunis. Sans jamais
s'épancher dans des luxes de détails, Jason Starr possède une écriture
évocatrice d'odeurs et de scènes pleines de vies.
Peu
à peu, se dessine diverses possibilités menant au terme du récit, ne
choisissant aucune possibilité plus qu'une autre, se contentant de narrer la
lente glissade de Mickey, de son père Sal ou de son ami Chris vers un peu plus
de déveine ou de folie. Jouant sur les codes, Jason Starr s'amuse de figures
issues du Parrain (The Godfather) réalisé
par Francis Ford Coppola ou encore de figures de cinémas tels que l'acteur Al
Pacino.
Attachants,
les personnages sont réalistes, loin des caricatures que je craignais à la
lecture d'un roman classé dans les polars (je m'excuse auprès des amoureux du
genre pour mes à-priori morts dans l’œuf).
Par
certains cotés, Petit joueur m'a fait pensé à L'étranger de Camus, tant
dans le rapport à la famille que dans cette froideur du héros principal vis à
vis des événements l'entourant.
Point d'orgue de Petit joueur, la fin, véritable réussite, pousse le lecteur à une relecture des événements, induisant le doute sur certains points. Mais chut; je vous laisse le plaisir de le découvrir...
Une nuit, quelques mois auparavant, Sal Prada
n'était pas rentré à la maison et Mickey avait dû appeler les flics. Ils
avaient fini par le retrouver le lendemain matin, endormi sur un banc dans un
parc de Bay Ridge, le quartier où il avait grandi. Mickey s'était senti humilié
lorsque la voiture de police s'était garée devant la maison pour le ramener,
devant tous les voisins qui étaient sortis en tee-shirt et robe de chambre pour
voir ce qui se passait.
En résumé
Les plus :- Une tranche de vie de Brooklyn dans les années 80,
- des personnages attachants et réalistes,
- un enchainement d'événements haletants,
- une fin inattendue.
-
Je ne vois pas de point négatif à ce roman, hormis un sujet qui puisse ne pas inspirer certains lecteurs.
En conclusion
Un bon
moment passé avec Mickey Prada et son entourage dans un Brooklyn pittoresque.
Ne tombant jamais dans la caricature ni du genre, ni des milieux sociaux
évoqués, Jason Starr signe ici un excellent polar distrayant à souhait.
cités dans cet article