Savez-vous ce
que c'est qu'un rêve ? Ce n'est pas une chimère engendrée de notre désir
mais une autre voie par où nous absorbons la substance du monde et accédons à
la même vérité que celle que dévoilent les brumes, en celant le visible et en
dévoilant l'invisible.
Si vous ne
lisez que ces lignes;
Vision poétique
et originale des elfes, voici un petit bijoux se dégustant au rythme lent des
brumes et des pas du paysan allant aux champs. Prophétie se mettant doucement
en place, roman du ressentit, voici une écriture mêlant cantiques et réalités
quantiques.
- L'univers est
une immense récit, dit Petrus. Et chacun a le sien propre, qui rayonne quelque
part dans le ciel des fictions et mène quelque part dans celui des prophéties
et des rêves.
Muriel Barbery
Muriel Barbery
est née à Casablanca le 28 mai 1968.
Ancienne élève de l'école normale supérieure, Muriel Barbery
est professeur agrégée de philosophie et a enseigné à l'Institut universitaire
de formation des maîtres (IUFM) de Saint-Malo.
Elle écrit son
premier roman en 2000 "Une gourmandise": un critique gastronomique à
l'agonie essaie de retrouver un goût inconnu. C'est le succès de la rentrée
littéraire. Il sera traduit en douze langues.
Son roman
"L'Élégance du hérisson" est la surprise éditoriale de l’année 2006:
il a en effet connu 50 réimpressions et s’était vendu à 600 000 exemplaires en
octobre 2007, ayant aujourd'hui dépassé le million d'exemplaires et ayant
occupé la première place des ventes trente semaines consécutives. Ce roman a
obtenu de nombreux prix (dont le prix des libraires 2007) et a permis à son
auteur de figurer dans le Top 10 des romanciers ayant vendu le plus de livres
en 2007.
Après un séjour
de 2 ans au Japon et souhaitant rester dans l'ombre des médias et du public,
elle vit loin de la pression médiatique. Revenue en Europe, elle a résidé à
Amsterdam, puis s'est installée en Touraine.
En mars 2015,
elle publie un nouveau roman "La vie des elfes".
En lien, une
interview de l'auteur au sujet de son dernier roman par l'express .
Le pitch
Quoi de commun
entre la petite Maria, qui vit dans un village reculé de Bourgogne, et une
autre fillette, Clara qui, à la même époque, après avoir grandi dans les
Abruzzes, est envoyée à Rome afin d’y développer un don prodigieux pour la
musique ? Peu de choses, apparemment.
Pourtant, il
existe entre elles un lien secret : chacune, par des biais différents, est en
contact avec le monde des elfes – monde de l’art, de l’invention, du mystère,
mais aussi de l’osmose avec la nature, qui procure à la vie des hommes sa
profondeur et sa beauté.
Or une grave
menace, venue d’un elfe dévoyé, pèse sur l’espèce humaine, et seules Maria et
Clara sont en mesure, par leurs dons conjugués, de déjouer ses plans. Les deux
fillettes, une fois réunies, auront à mener un long combat...
On voyait que
l'homme était né nanti de cette grâce où se puisent les plus grandes extases et
les interminables incendies, et Clara sut qu'il était beau parce qu'il
respirait à la manière des arbres, avec une ampleur qui le rendait tout à la
fois plus aérien et plus droit.
Ce que j'en ai
pensé
Ayant apprécié
ses précédents romans et étant une férue d'heroïc fantaisy, j'ai sauté sur ce
récit, curieuse de voir ce que Muriel Barbery avait à faire avec des elfes.
Très éloignée des visions modernes des maitres du genre (Tolkien, Fetjaine
entre autres), des jeux vidéos ou animés japonais (comme Lodoss), la vision de
Barbery renoue avec les racines des légendes européennes, voir même avec un
certain animisme pour ne pas dire chamanisme.
Usant des
aspects métaphoriques et sensitifs des arts et des mots, l’écriture est ici
poésie faite dentelle qui entoure pour mieux dévoiler, cernant l'objet pour le
situer, aussi nébuleux soit-il. Car le récit, l'épopée, la prophétie, sont ici
différentes facettes d'une réalité méthamorphe et fluctuante, futur encore en
cours de formation dont les elfes semblent deviner pourtant déjà certains
caractères.
Voici donc des
êtres différents des hommes, complémentaires, incapables d'imagination mais
amoureux des arts, virtuoses dans l’exécution mais trop ancrés dans le réel par
là où l'homme peut s'en échapper. Original et pourtant profondément rattaché
aux mythes ancestraux, le cadre du récit mais également ses protagonistes font
échos en des zones oubliées de nos mémoires.
Maria et Clara,
deux enfants insolites, devront tracer leur chemin dans ce tourbillon
fluctuant, et si, par moments, le lecteur peut se sentir perdu et sans repères,
il faudra compter sur l'intuition et le cœur de ces deux enfants faisant le
lien entre la bonté et le bon sens paysan et les illuminations inénarrables des
artistes elfiques.
Ainsi, les
ressentis et les pouvoirs sont-ils suggérés par des descriptions de paysages
liés à des ressentis, a des contes, des moments de la vie domestique alliant
couleurs, textures et odeurs, à des visages ou des moments de respirations des
cœurs et des âmes. Magie des artistes ou des "bonnes femmes",
paysannes illettrées connaissant les simples ou peintres proches des
calligraphes japonais, encore une fois l'on est loin des notions de magies
façon Harry Potter et consorts, mais bien dans une tradition trouvant source
bien avant le moyen-âge...
Roman lent, se
dégustant, à l’écriture riche et belle comme peut l'être la langue française,
aux racines anciennes et mythologiques, certes; La vie des elfes ne
choisit pas les autoroutes du prêt à consommer actuel... Il n'en est donc
que plus précieux et stimulant, se démarquant de son époque et des esthétiques
trop de fois usitées.
Tolkien avait
souhaité fonder un mythe composite alliant toutes les traditions européennes et
fut fustigé avant de connaitre le succès populaire qu'il a acquis de nos jours.
Muriel Barbery, de par son épopée, car telle est bien la nature de son écrit,
propose une transcendance des époques et cultures, sans jamais les mentionnées,
supprimant les murs du temps et de l'espace, plaçant son récit dans une
grandeur toute terrienne dans le sens noble du terme. Ici, point de chevaliers
mais des paysans, point de baguettes magiques mais des pianos et des pinceaux,
pas d'oreilles pointues mais des êtres polymorphes fluctuants...
Véritable
bouffée d'air frais à l'heure de la marée fantaisy et bit lit trop souvent
formatées que le monde de l’édition commet, La vie des elfes de Muriel
Barbery bouscule les habitudes pour notre plus grand bien. Son style, que
certains trouveront tarabiscoté ou ampoulé, signature de l'auteure depuis ses
premiers romans, dénote d'une connaissance certaine mais également d'un grand
amour de la langue française, comportant tant de nuances qu'il serait dommage
de ne pas les usités.
Laissez-vous
donc emporter et charmer par les brumes élfiques et les terroirs italiens et
français: pour ma part, ce roman me restera un voyage inoubliable et j’attends
avec impatience sa suite annoncée !
Voyez-vous,
c'est un conte, bien sûr, mais c'est la vérité aussi. Qui peut démêler ces
choses? Personne, en tout cas, de ceux qui ont entendu l'histoire de cette
gamine qu'on avait trouvée dans un village perdu des Abruzzes entre un curé de
campagne et sa vieille bonne ignorante.
En résumé
Les plus :
- Un récit original, proposant sa vision propre de la fantaisy,
- un récit fignolé touchant aux sens et aux essences des choses,
- une histoire passionnante se passant des figures traditionnelles stéréotypées,
Les moins :
- Une écriture précise pouvant en dérouter certains,
- un récit ne dévoilant pas tous les secrets d'un coup certainement frustrant pour certains lecteurs là où d'autres trouveront cela stimulant.
Mais si le
Maestro irradiait une aura de rochers et de berges, le Gouvernement s'élevait
en une flèche dont l'empennage clair se tournait à la fin en plumes calcinées,
et il avait au cœur une distorsion qui s'éloignait de lui-même et ressemblait à
une blessure ouverte apposée sur une magnificence première.
En conclusion
A l'opposé de
la notion marchande actuelle de la littérature perçue comme un consommable, La
vie des elfes est un récit éminemment riche, foisonnant, ne révélant pas toutes
ses complexités en un seul jet. Exit ici les trames cousues de fils blancs,
les personnages et artifices cents fois usés; voici un conte élfique proche des
croyances de nos campagnes, des mythes du moyen-âge et des elfes proches des
costumes des shamans sibériens... Riche, voir indigeste pour certains à l'heure
du light prédigéré et pré-pensé, ce petit bijoux littéraire ravira les
amoureux des belles lettres et aventuriers de tous bords.
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pour aller un peu plus loin
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