Il pensait que plus il disait de conneries moins il en pensait.
Si vous ne lisez que ces lignes;
Noir, sans aucune aménité pour l'humanité, décrivant les Kings & Queens of the Underground, Playlist est un recueil de nouvelles construit comme un album de musique, partageant au travers de destins sombres et dépressifs la vision morne de notre société au travers de références pop et rock des années 70/80. Saupoudré de remarques vives et faisant mouche, de références citées littéraires ou musicales, ce texte court ne m'a pas embarquée pour autant... Tous à vos crayons khôls en rang derrière Robert Smith et en route pour une visite guidée du vide énucléé d'un lendemain d'orange mécanique....
L'allumage
de bougies était l'un des derniers actes que l'on pouvait
raisonnablement qualifier d'antisocial. L'environnement fragile,
syncopé ( dés lors qu'un soupir s'en mêlait) que créait ces bouts de
cire demeurait toujours aussi fascinant.
Christophe Ernault
Christophe Ernault, connu également sous son nom de scène Alister, est un auteur, compositeur, interprète français né le . Il est également rédacteur en chef, avec Laurence Rémila, de la revue Schnock, dont le premier numéro est paru en mai 2011.
Il anime avec Mathieu Alterman l'émission hebdomadaire Bleu Blanc Schnock sur OÜI FM depuis mars 2015.
Entre 2001 et 2006, il est auteur pour la télévision pour des programmes comme Un gars, une fille, La minute blonde, mais aussi L'Hypershow et le Vrai Journal sur Canal+. En 2003, il rencontre Adrienne Pauly et collabore avec elle. Deux ans plus tard il écrit un recueil de nouvelles, Playlist, publié par les éditions Antidata.

L’atonalité régnante enlevait ainsi à l'homme l'un de ses plus grands plaisirs. L'un de ses derniers. L'harmonie n'avait pas été inventée pour les koalas. La mémoire était la prochaine sur la liste.
Le pitch
Le bonheur se réduit-il à une accumulation aussi dépourvue de sens
qu'une compilation de tubes ? Et que faire dans un monde où ni la
politique, ni l'amour, ni le football, ne paraissent plus capables de
justifier une existence ? Se réfugier dans la musique ? Se suicider ?
Participer à des réunions de colocataires ? Dans un style vif où les
références à Kant côtoient les citations de Sid Vicious, et en 14
nouvelles, comme il y avait 14 titres sur les albums des Beatles, quand
ils étaient jeunes, l'auteur évoque une société qui ne parvient plus à enchanter grand chose.
Cynique ? Peut-être. Lucide ? A vous de juger. Drôle, sûrement.
Dans nos société l’asocial avait depuis longtemps supplanté l'antisocial. Ainsi, on vous en voulait plus de ne pas montrer votre cul debout sur une table devant tout le monde que d'avouer votre dégout du système représentatif debout sur une table devant tout le monde.
Ce que j'en ai pensé
Cynique et drôle ? Certainement pas. Ce sont là les jeux du cirque du siècle, et sous un fun darwin awardesque, de grand guignol sanguinolent, de télé-poubelle-réalité se cache un cri digne de Thiéfaine; un rire de clown macabre déguisant des pleurs devant une société s'auto-dévorant en se saupoudrant de prozac. Les dingues et les paumés...
Délire déprimé d'un quadra en nostalgie d’icônes technicolors ou véritable coup de pied punk donnant aux cochons de la confiture de leurs propres vies en un dernier salut élitiste et moqueur, le message du recueil est là, palpitant et intact ; la maladie de notre siècle est que nous avons fait des autres et de nos propres vies des maladies.
A chaque nouvelle des morts absurdes, des femmes ne pensant qu'avec leurs vagins et désires de gosses, des hommes émasculés sautant d'une chimère au haut d'un pont... Triste monde que nous décrit l'auteur. Triste d'autant plus le fait que le rappel de notre mortalité soit devenu un élément transgressif, comme l'auteur lui-même le souligne dans sa dernière nouvelle...
L'humain coupé des autres se coupe de lui-même, le désir de procréation sans l'amour de l'autre et l'envie de connaitre l'Autre (le différent) est stérile, la jeunesse sans passion et rêves de révolutions devient nombriliste et se phagocyte... Tant de messages sombres et pourtant lucides sur notre société du paraitre et du plaire, véritable Trial littéraire.
Témoignage pour les sociétés du futur sur les dangers de l'ennui et de l’abscons provoquant l'anomie, texte pénible à celui qui garde encore quelques espoirs et seulement empli de symboles nostalgiques pour les Baby boomers rêvant derrière leurs lunettes noires occultantes...
A la façon d'un Serpent vert certains ne verront là qu'un bon conte acide leur permettant de passer une meilleure journée, ersatz d'un génocide sur TF1.... Comme hurlait John Feldmann ; Open your eyes !
Il embaumait son appartement de Mozart quand rien n'allait. L’œuvre de ce génie scatologique était touchée par la grâce et élevait le niveau de n'importe quelle petite vie de merde. A commencer par la sienne.
En résumé...
Les plus;
- Des textes courts décrivant le destin absurde de personnages communs,
- une bonne critique de ce qui va mal dans notre société,
- un enfermement schizophrénique des personnages suscitant une réaction chez tout individu encore affublé d'un instinct de survie mentale.
Les moins;
- Une vision plus que sombre de nos contemporains,
- un vernis vintage caressant dans le sens du poil les bobos nostalgiques.
Jamais le
regard, la main de la société ne s’étaient posés avec autant d’attention et de compréhension
sur eux. Mais jamais, aussi, ces derniers n’avaient été autant bercés
d’illusions sur l’immuabilité de leur état. La donnée Temps manquait à leur
équation mentale pour comprendre qu’ils ne faisaient pas partie d’un monde figé
mais bel et bien en mouvement. Un jour ils seraient vieux et dignes à leur
tour. Pour l’instant, ils n’étaient rien de plus que de la chair à business
plan. Ce qui n’était déjà pas si mal…
En conclusion;
Un recueil de
nouvelles sex-pistolsiennes décrivant un no futur probable et une nostalgie
amniotique musicale certaine. Coup de poing ou dose supplémentaire
d’anxiolytiques, à vous de choisir !
Dans ces moments
là elle se posait toujours la question suivante : "si j'étais une grosse
conne de province qu'est-ce que j'aurais envie de voir à la télé ?". C'est
comme ça qu'elle avait percé à la télévision. Pas en couchant. Mais en pensant
à sa cousine...
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