mardi 8 mars 2016

Nom d'un chien d'André Alexis

Ceux qui resteront vivront convenablement, comme des chiens. Nous n'avons pas besoin de mots pour designer les portes ou les arbres. Nous n'avons pas besoin de parler du temps, des collines ou des étoiles. Avant, nous n'en parlions pas, et nos ancêtres se débrouillaient très bien sans cette langue. 

Si vous ne lisez que ces lignes;

Roman d'aventures canines ou réflexion philosophique sur le bonheur et le libre arbitre, si l'idée était bonne, c'est, à mon sens, un essai raté. Agréable à lire et proposant des idées loin d'être inintéressantes, trop d'aspects caricaturaux ou mal exploités m'ont laissée sur ma faim, au mieux... Lauréat du prix canadien le plus prestigieux, le prix Giller, Nom d'un chien est un roman à coté duquel je suis passée ; décryptage.   


André Alexis

André Alexis est un romancier, dramaturge, nouvelliste canadien.  Actuellement, il réside à Toronto et y travaille en tant qu'animateur dans l'émission de radio Skylarking de la SRC, et est également critique littéraire pour le Globe and Mail et collabore à la rédaction de This Magazine

André Alexis et sa sœur cadette immigrent au Canada en 1961 Pour rejoindre leurs parents qui ont quitté Trinidad à la fin des années 1950. 

André Alexis commence sa carrière artistique au théâtre. Dramaturge en résidence à la Canadian Stage Company, il écrira Lambton, Kent, sa courte pièce présentée pour la première fois en 1995, et publiée en 1999. 

Despair and Other Stories of Ottawa (1994), son premier ouvrage de fiction publié, est retenu en sélection finale pour le prix du Commonwealth (Canada et Caraïbes). Dans ce recueil de nouvelles, A. Alexis propose une analyse philosophique des mystères de l'âme humaine en faisant évoluer au quotidien ses personnages dans des univers sombres et oniriques. 

Avec son premier roman, Childhood, il acquiert une réputation d'écrivain prometteur. En 1998, il obtient le prix Amazon.ca/Books in Canada pour un premier roman et le prix Trillium (qu'il partage avec Alice Munro). Childhood est également retenu en sélection finale pour le prix Giller et reçoit de nombreux autres hommages nationaux et internationaux. Ce roman poignant explore la recherche d'équilibre entre la soif infinie de connaissances et le pouvoir étrangement tenace de l'amour. Écrit sous la forme d'une autobiographie fictive, il raconte l'histoire de Thomas MacMillan, un homme d'âge moyen qui tente de se comprendre et de comprendre ses origines. 

André Alexis publie Ingrid and the Wolf, son premier roman jeunesse, en 2005. 

Non d’un chien (fifteen dogs), publié en France aux éditions Denoël,  est son dernier roman paru en 2015. Il a remporté le prix Giller et est salué par la critique outre-Atlantique.


Le pitch  

Tout commence par un pari alcoolisé entre Hermès et Apollon : si les animaux avaient l’intelligence humaine, seraient-ils aussi malheureux que les hommes? 

Les deux dieux décident alors d’accorder conscience et langage à un groupe de chiens passant la nuit dans une clinique vétérinaire de Toronto. Tout à coup capable d’élaborer des raisonnements plus complexes, la meute se divise : d’un côté les chiens qui refusent de se soumettre à ce nouveau mode de pensée, de l’autre les canidés progressistes qui y adhèrent sans condition. 

Depuis l’Olympe, les dieux les observent, témoins de leurs tâtonnements dans ce nouveau monde qui s’offre à eux. Car, si Hermès veut l’emporter, au moins un des chiens doit être heureux à la fin de sa vie. 

 Un jour, dit Majnoun, nous saurons peut-être où le ciel prend fin.

Ce que j'en ai pensé

A la lecture de la quatrième de couverture je m'étais fait une joie de lire ce roman qui, déjà, excitait ma curiosité. Un pari entre des dieux sur la capacité à être heureux pour des chiens à qui l'on octroyait le langage, la pensée et la conscience de soi, cela avait tout d'un excellent roman à fond philosophique. 

En un sens, le pari est tenu ; tous les éléments sont présents. L'aventure, via les différents caractères des chiens, leurs choix et modes de fonctionnement, mais également la teneur philosophique, chacun des protagoniste étant un archétype social du modèle de la Grèce antique. 

Ainsi avons-nous le tyran éclairé, le philosophe, le poète, l'individualiste et les communautaristes. Sont présents également les sentiments pouvant être les phares de la vie humaine, à savoir; l'amitié, l'amour, la haine ou encore la fidélité. Catalogue des raisons d'être des humains, et ici des chiens, Nom d'un chien ne réussit pourtant pas à être cohérent dans sa construction. 

Chiens possédant ainsi ce qui, aux dires de certains, font la différence entre l'animal et l'humain, ils n'en délaissent pas pour autant leurs besoin de hiérarchie, basée sur la sexualité la plupart du temps, leur passion scatologique ou encore leur haine supposée des chats. Ces éléments n'apportant pas de réelle densité, réalité ou points de ressort pour le récit, le partit pris de l'auteur d'inclure certains éléments comme fondant une nature contre d'autres relevant d'une conscience de soi ou de capacités à raisonner m'ont parus étranges et parfois même pénibles lors de ma lecture. En sus, ces éléments étant servis par un choix lexicologique cru au milieu d'un texte léger et élégant, sans aucune volonté de choquer ou de provoquer, j'ai trouvé cela, au mieux, inutile.

Le choix de dieux grecs m'est apparu de prime abord fin, pointant la référence des fables antiques philosophique, et la volonté de l'auteur de s'y référer, tout en s'extrayant du bourbeux terrain judéo-chrétien. Cependant, bien vite, le récit est rattrapé par le meurtre fratricide originel et bien d'autres matériaux bibliques. 

Au final, une sensation de non-choix, de stagnation entre plusieurs eaux se fait jour, et bien vite arrive la fin du roman qui, si il propose cahincaha une chute de la fable ne clos ni ouvre le débat et laisse sur sa faim, laissant même un gout de bricolage light. Light car ni la satyre, ni la réflexion enrobée de l'amusante forme de la fable ne transpercent ce scénario de téléfilm. 

Ayant reçu un prix prestigieux, je ne peux que m’excuser d'être aussi lamentablement passée à coté de ce roman, qui, certainement, en ravira plus d'un.

 

En résumé... 

Les plus;
  •  une plume fluide et facile à lire,
  • une histoire distrayante,
  • une idée de départ stimulante,
Les moins;   
  • des partis pris curieux,
  •  un manque de chute à l'histoire,
  • un sentiment d'inachevé et un manque d'aboutissement.   
 L'espoir n'a rien à voir avec le bonheur, avait-il dit. Et il n'y avait pas moyen de réfuter cela. La plupart de ceux qui vivaient ou mourraient malheureux étaient aussi pleins d'espoir que ceux que les dieux avaient favorisés. L'espoir n'était qu'une facette des mortels, rien de plus. 

En conclusion;

Un roman à coté duquel je suis passée bien que tout aurait du être là pour que cela match ! Reste la découverte d'une très jolie plume et la curiosité de lire d'autres textes d'André Alexis. 
 

2 commentaires:

  1. Ah, oui, effectivement, nous sommes aux antipodes :) mais, je comprends mieux cet "avis mitigé" qui m'avait intrigué, l'autre jour. Je ne voulais pas lire l'article avant d'avoir terminé le roman.
    Bizarrement, je ne ressens pas l'envie de lire autre chose d'André Alexis

    Bonne soirée, bises, nanet

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  2. merci pour ton éclairage sur ton ressentit ! c'est tellement enrichissant de voir différents points de vue (argumentés) ! Pour ma part je serait curieuse de lire un roman plus personnel de cet auteur :) bonnes pérégrinations littéraires !

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