mercredi 16 juillet 2014

Dimension W de Yuji Iwahara



            
Trop tard ! 
Le mauvais alignement des dimensions a causé une éruption !

 

 

Si vous ne lisez que ces lignes;

Un manga au dessin faisant beaucoup penser à cowboy bebop, très agréable visuellement mais ayant également un univers, des personnages et des intrigues secondaires très attrayants ! 





Yuji Iwahara

Yûji Iwahara est originaire de l’île d’Hokkaido. Il sort d’ailleurs diplomé de l’école des beaux arts d’Hokkaido, section graphisme et design. Il commencera sa carrière professionnelle en tant que designer et chef de projet au sein de la société de jeux-vidéo Hudson. C’est finalement en 1994 qu’il fera ses débuts de mangaka, dans le magazine Afternoon des Editions Kodansha. À noter que, cet auteur très influencé par le comics américain, a dessiné une histoire (intitulée Quest) pour l’éditeur Marvel aux Etats-Unis. Parmi les dessinateurs japonais, Yuji Iwahara se distingue par sa très faible utilisation des trames : il préfère privilégier les grands aplats de noirs, et poser ses ombres à la main.

1996 : Hebi ()
1997 : L’Œil du loup (狼の瞳, Ōkami no Hitomi)
1998 : Tetsu no Seiki (鉄の世紀)
1999 – 2000 : Koudelka (クーデルカ, Kūderuka), adaptation du jeu vidéo Koudelka
2000 – 2002 : Le Monde de Misaki (地球美紗樹, Chikyū Misaki)
2002 – 2005 : Le Roi des ronces (いばらの王, Ibara no ō)
2004 : Hyōchaku buttai X (漂着物体X)
2005 : Yōkoso! Meitō yanagi no yu (ようこそ! 名湯柳の湯。)
2006 : Keita no tsuri (ケイタの釣り)
2006 - 2008 : Nekoten! (学園創世 猫天!, Gakuen Sōsei: Nekoten!)
2009 - 2011 : Darker than Black: Shikkoku no Hana (漆黒の花-) 
2011 - 2014 en cours : Dimension W (ディメンション ダブリュー)



Le pitch

2072. L’humanité a enfin trouvé la solution à tous les problèmes d’approvisionnement en énergie. Les coils, des bobines électromagnétiques qui fournissent des ressources inépuisables, ont relégué batteries et autres câbles au rang d’antiquités.
 
Kyoma Mabuchi, lui, a tourné le dos à cette technologie révolutionnaire. Amoureux des bonnes vieilles voitures à essence, il préfère passer son temps à bricoler ses bolides. Pour gagner sa vie, ce chasseur de primes d’un genre nouveau s’est spécialisé dans la récupération des coils illégaux, qui, détournés de leur usage de base, peuvent se transformer en armes redoutables… 

Alors qu’il enquête sur deux petites frappes des bas quartiers, son chemin croise celui de Mira, une mystérieuse prisonnière dont le destin semble intimement lié aux coils. À ses côtés, Kyoma va vite découvrir que cette technologie miraculeuse pourrait bien conduire l’humanité à sa perte…



 Ce que j'en ai pensé

Avouons-le d'emblée, je ne suis pas une spécialiste des mangas; à peine en ai-je lus quelques uns adolescente, bien que je connaisse un peu les grands classiques et principalement leurs adaptations en animés. De ce mangaka je ne connaissais rien donc, mis à part darker than black, adapté en anim' et que j'avais beaucoup apprécié, et c'est avec plaisir que j'ai découvert l'univers de Dimension W.

C'est donc à une plongée au pays des livres qui se lisent à l'envers que j'ai eu droit grâce à l'opération Masse critique mise en place par Babélio en partenariat avec les éditions Ki-oon, et je les en remercie.

L'histoire se déroule au sein de la ville entourant le central 47, située au Japon. Un central est une territoire autonome ayant en son sein une tour. Chaque tour mesure en moyenne 1300 mètres et sert à stabiliser l’énergie provenant de la dimension W et a surveiller les coils en circulation. Il existe en tout 60 tours sur toute la surface de la terre formant une sorte de maillage. Tout ceci est géré par les employés de Tesla energy, et les villes les entourant (les centrals) sont habitées principalement par les employés de cette megacorporation. Kyoma Mabuchi, le personnage principal, est un récupérateur de coils illégaux. Dangereux, ceux-ci peuvent générer des incidents dimensionnels.

La technologie des coils, extrapolée à partir des recherches de Tesla, est environnée de mystères. L'idée de Yuji Iwahara de rattacher la technologie à l'origine de l'évolution technologique et sociale de son univers aux travaux de Nikola Tesla amène un ancrage dans le réel et une caution scientifique permettant de supprimer de longues et pénibles explications détaillées  et un immédiat sentiment qu'il n'y a pas "que ça" aiguisant la curiosité du  lecteurEn effet, Tesla, à l'image de l’œuvre de Jules Verne, est synonyme d'aventures et de curiosité scientifique. De plus, tout deux sont les figures de proue du mouvement steampunk en vigueur actuellement et ayant atteint le quartier de Harajuku de Tokyo, bastion des cosplayers...

Le passé de Kyoma, mais également l'existence de Mira, l'étrange jeune-fille cyborg dont il se retrouve affublé, ainsi que d'autres personnages secondaires tels que Loser y sont reliés et c'est sans s'en apercevoir que la plongée dans cet univers passionnant se fait par leurs biais. 

Cette société est une extrapolation de ce que serait un monde régit par une logique administrative et entrepreneuriale poussée à son extrême. C'est le second point que j'ai aimé dans ce manga. En effet, sous-jacente à l'histoire générale, Yuji Iwahara propose une véritable réflexion sociale dans Dimension W. Le tome 2, par exemple, y montre un système éducatif basé sur des points qu’accumulent les enfants par leurs notes et bons comportements grâce à un bracelet. Ces points peuvent également être enlevés, générant des dégâts sur leurs places futures dans la société, l'école où ils sont placés et même sur le quartier résidentiel de leurs parents... Aucune erreur n'est pardonnée et l'enfance se résume à une cotation des futurs adultes qu'ils sont. Réflexion marxiste poussée à son paroxysme, sur l'homme-machine, objet appartenant à la société en tant que future ouvrier; l'homme et le robot se rejoignent donc dans leur destin, et la question de leur différenciation se pose déjà... On y retrouve là des questionnement menés par d'autres mangaka sous de multiples angles; AppleseedErgo proxy ou Elecktric angels

La troisième couche de réflexion amenée notamment par le tandem Kyoma-Mira est celle de la place de la technologie dans la vie des humains. Qu'est qui définit l'humanité ? A partir de quel moment les humains cessent d'être maitres de leurs vies et sociétés quand des tâches de plus en plus importantes échouent aux mains des intelligences artificielles ? L'on y voit là un évident rattachement aux thématiques du mouvement cyberpunks et l'on ne peut que penser à Blade runner  ou plus récemment au très touchant Hinokio dans les films, mais encore à La fille automate de Paolo Bacigalupi dans la littérature sf. Ces thématiques sont également classiques dans les mangas: Ghost in the shell, Evangelion, Gunmn, Armitage ou Chobits  en sont des exemples patentés...

Le décalage de Kyoma, amoureux des vielles voitures fonctionnant à l'essence et rejetant tout objet fonctionnant grâce aux coils, accolé à la mignonne Mira (dont on peut rapprocher le look de nombreuses héroïnes, de Chii de Chobits à Miku Hatsune des vocaloids en passant par Sailor Chibi Usa (Camille de sailor moon) fonctionne parfaitement.Sous leurs modes de fonctionnement différents l'on sent de même valeurs communes; gentillesse, soucis des autres et justice, bien que Mira représente la fraicheur innocente et Kyoma l'expérience parfois un peu cynique.

Les dessins sont fluides et beaux, ce qui permet une plongée dans l'histoire immédiate et un réel plaisir de lecture. Malgré certaines cases un peu trop petites pour le nombres d'éléments présents, l'action est fluide et clairement lisible bien que certains passages mériteraient de plus grandes cases... Le découpage en sous-chapitres des tomes est agréable et donne le sentiment de lire plusieurs épisodes à chaque opus. Je trouve cependant dommage de s’être limité à quatre tomes car cet univers et ces personnages auraient mérité un plus large développement...Mais la frustration de ce petit nombre de tomes est signe de qualité et de plaisir de lecture !

Dimension W reste un excellent manga malgré ses trop peu nombreux tomes (!!), abordant divers thèmes certes classiques dans ce genre littéraire, mais explorés sous des angles originaux dans un univers riche et original.

Bel objet aussi bien dans le contenu que dans l'apparence soignée, j'ai également apprécié les touches de peinture fluorescente de la couverture; signe d'un soin esthétique poussé.

 

 

En résumé


Les plus :
  •  Un univers original et passionnant,
  • des personnages riches et attachants,
  • une réelle profondeur dans le traitements des thématiques abordées,
  • un trait très beau et un design caracters attrayant.
Les moins :
  • Seulement quatre tomes !
  • des cases parfois un peu trop petites pour leur contenu.

 

 

En conclusion

Un manga proposant un univers original aux nombreux mystères, servi par un très beau dessin et des personnages principaux attachants. Touchant à de nombreux thèmes typiques des manga seinen de science-fiction, l'auteur nous en présente une lecture originale et enrichissante. Un vrai coup de cœur !

 

 

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