mardi 1 septembre 2015

Ganesha de Xavier Mauméjean

 
Je suis Vinâyaka, le meilleur des guides, et les horreurs du monde savent trouver ma maison.

Si vous ne lisez que ces lignes;

Voici les mémoires imaginaires de Joseph Merrick, l’Elephant Man qui vécut à Londres au 19ème siècle, héro du célèbre film. A mi chemin entre un roman de Conan Doyle et une fantaisie victorienne traitant des monstres de foires, ce roman hybride, tout comme son héro, ne laisse pas indifférent. 

Je suis Ganesha, le dieu à tête d’éléphant, dieu de prospérité et d’abondance.

Xavier Mauméjean

Né le à Biarritz, est un écrivain français, spécialisé dans la science-fiction, le fantastique et le roman policier. Diplômé en philosophie et sciences des religions, il est membre du Collège de 'Pataphysique et du Club des Mendiants Amateurs de Madrid, qui réunit des passionnés de Sherlock Holmes. Il est en outre professeur de philosophie au lycée Antoine Watteau de Valenciennes.

Il remporte le prix Gérardmer 2000 du roman fantastique pour Les Mémoires de l’Homme-Éléphant, œuvre qui relève également du roman policier historique, où le personnage de John Merrick devient « un détective qui va élucider des énigmes dans le Londres victorien et récemment retravaillé sous le titre de Ganesha aux éditions Hélios.

Il publie ensuite Gotham (2001), un psycho-thriller urbain ; La Ligue des héros (2002), lauréat du prix Bob-Morane / Imaginaire 2003 de la ville de Bruxelles ; L’Ère du dragon (2003), La Vénus anatomique (2004), relecture du mythe de Frankenstein sur fond de cape et d’épée, qui a obtenu le prix Rosny aîné 2005 ; Car je suis légion (2005), un thriller qui se déroule dans la Babylone antique, et Lilliputia (2008), roman qui a obtenu le prix Rosny aîné 2009.

Il fait aussi paraître des nouvelles et des essais dans diverses anthologies et revues. Il est l'auteur de plusieurs dramatiques radio policières pour France Culture. Il remporte le grand prix de la radio SACD en 2014. Cocréateur de la Bibliothèque rouge, il a dirigé la collection « Royaumes perdus » chez Mango. En 2012, il devient le directeur de Pandore, la nouvelle collection fantasy « Young Adult » des éditions Le Pré aux clercs.

En 2006, il publie avec Johan Heliot, sous le pseudonyme de Wayne Barrow, Bloodsilver, réécriture fantastique de l’histoire de la conquête de l’Ouest américain.

 

Le pitch


 Londres, fin du XIXe siècle.

Qui est réellement Joseph Merrick, celui qu’on surnomme « l’Homme-Éléphant » ? Homme ou bête ? Monstre de foire ou curiosité scientifique ? Une simple anomalie de la nature ou… un dieu ?

Lorsqu’il rédige ses Mémoires, il n’a pas trente ans et réside depuis peu à l’hôpital de Whitechapel sous la protection du médecin Frederick Treves. Un refuge qui lui permet d’observer splendeurs et misères de la capitale, et d’enquêter : quatre affaires, autant de saisons dans une année. De leur résolution dépendra peut-être plus que son destin, car « le monde s’efface dans les rêves de l’éléphant… »

Un thriller victorien atypique et superbe, dans l’une des premières fantasy urbaine française.

Londres a toujours enfanté des monstres. 

 

Ce que j'en ai pensé

Ayant connu les éditions Hélios par le biais de Car les temps changent de Dominique Douay, j'ai été séduite par la couverture mais aussi par le bel objet que nous propose, une fois de plus, cette maison d’édition. 

Amoureuse du film Elephant man de David Lynch, et étant animée d'une joie particulière à chaque rencontre avec un ouvrage se saisissant des croyances hindoues, j'ai sauté à pied joints dans ce roman dont je ne connaissais pas l'auteur.

L'ambiance de Ganesha, victorienne à souhait est une belle réussite; nous faisant croiser tant la société bourgeoise et aristocratique que les habitants de quartiers pauvres, le tout dans une brume huileuse londonienne. Usant avec délectation des codes des romans d'époque, Xavier Mauméjean nous emmène tour à tour dans les cénacles scientifiques de ce siècle ou à la campagne dans une belle demeure. Revues burlesques, dames de petites vertus, aristocrates mêlés à des complots internationaux et exotiques, asiles psychiatriques; Mauméjean s'amuse des décors qui ont fait les grands romans victoriens sans les galvauder ou les réduire à de simples artifices de carton-pâte, saupoudrant le tout de croyances hindoues que s'attribue le narrateur, Joseph Merrick. 

Émaillant son récit d’anecdotes de l'époque, Xavier Maujéjean plonge son lecteur dans un siècle qui n'est pas encore tout à fait le notre, même si y naissent les sciences et les commodités modernes. Situant son roman aux frontières de bien des styles, tissant faits et lieux réels dans la trame de son imaginaire, Ganesha est un roman surprenant et marquant sa différence dans le paysage littéraire français. 

Découpé en quatre enquêtes et saisons, rythmé tour à tour par les réflexions du héros ou les péripéties auxquelles il se trouve mêlé de par ses enquêtes et son esprit de déduction, ce roman est agréable à lire et propose un réel moment de distraction. 

Reste quelques regrets au sortir de ma lecture. Le choix du héro, s'il est porteur de sens, me laisse dans son traitement un gout étrange en miroir au message fort bien que simple du film; nous tous sommes potentiellement des monstres sous nos apparences policées. Certes, une des enquêtes y fait référence, et certes, les réflexions du héro y reviennent régulièrement, notamment dans ses références à ses parents. Mais il m'a manqué le sentiment poignant et saisissant que j'ai pu ressentir à la lecture de La guitare de Michel Del Castillo. 

Le second point m'ayant laissée sur ma faim est le traitement hindouisant. Se réduisant à une appropriation de croyances religieuses par l'homme éléphant, je fut déçue, m'étant attendue à plus de pistes ésotériques, ou du moins à une dimension supplémentaire au roman ainsi qu'au personnage. Mûshika la souris et Ankusha y sont personnifiés, un rituel hindou y est orchestré, mais tout cela relève plus du pansement psychologique que le héro se serait apposé de lui-même que d'un possible avatar divin comme le laisse à penser la quatrième de couverture... 

En définitive, la question simple du pourquoi un tel choix de personnage me vint à l'esprit en fin de roman, car, au final, ce n'est somme toute qu'un excellent tome de Sherlock Holmes sous les traits d'un homme atteint d'un syndrome dégénératif génétique... 

Il n'en reste pas moins que l'écriture y est délicieuse, que les personnages y sont cohérents et attachants, et que ce roman supporte parfaitement la comparaison d'avec les romans policiers des grands écrivains anglo-saxons ayant marqués cette littérature de genre, excusez du peu ! 
 

En résumé

Les plus :
      • Une écriture relayant à merveille l'ambiance de l’Angleterre victorienne, 
      •   des enquêtes passionnantes et ne manquant pas de rebondissements,
      •   le charme des déductions de l'enquêteur propre aux grands romans de genre de Conan Doyle à Agatha Christie.
Les moins :
      • Un traitement peu approfondi du personnage principal et me touchant peu, 
      • une utilisation bien maigre de l'idée originale de Ganesh et des croyances hindoues.
 

En conclusion

Un excellent roman de genre à l'ambiance parfaitement maitrisée et aux enquêtes jouissives à élucider en compagnie du héro. Reste un traitement en dessous de mes attentes du héro et de l’excellente idée d'y mêler les croyances hindoues. 

cité dans cet article  

pour aller plus loin 

 

 

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