mardi 12 avril 2016

Wonder de Raquel Jaramillo Palacio

Je ne suis pas un garçon de dix ans ordinaire, c'est certain.
Oh, bien sûr, je fais des choses ordinaires. Je mange des glaces. Je fais du vélo. Je joue au ballon. J'ai une Xbox.
Tout ça fait de moi un enfant comme les autres. Sans doute.
Et puis je me sens normal. Au-dedans.
N'empêche, lorsqu'un enfant ordinaire entre dans un square, les autres enfants ordinaires ne s'enfuient pas en hurlant. 


Si vous ne lisez que ces lignes;

Un roman touchant, juste et drôle, ne tombant pas dans le pathos ni dans les réflexions trop "adultes". Une petite merveille simple qui fait du bien, un roman "feel good" avec pour personnage et sujet principal August, petit garçon de dix ans, et la place que devra se trouver un enfant formidable aux nombreuses difformités au sein d'une société qui se base beaucoup sur les apparences. 

Raquel Jaramillo Palacio

Raquel Jaramillo Palacio, de son vrai nom Raquel Jaramillo, a été, pendant de nombreuses années, directrice artistique et graphiste conceptrice de page de couverture pour les livres. Entre autres, ses travaux d'illustratrice ont portés sur Les Cahiers de Dune de Frank Herbert de Frank Herbert , Peter Pan - Le conte original de Neverland, Complete et Unabridged de JM Barrie , Les nuits avant Noël  par Clément Clarke Moore et les plus maniables choses dans le monde par Andrew Clements. 

Wonder, paru en 2012 est son premier roman.

Dés sa sortie, son roman à été salué par la presse littéraire internationale, qualifié de riche et mémorable par le New York Times, de brillant début par le Süddeutsche Zeitung, un miracle de roman" par Le temps et même d'événement littéraire par Allemagne Kultur.

L'idée de ce livre est venue à elle en 2007 en raison d'une expérience réelle. Avec ses enfants, elle a rencontré lors d'un voyage à l'extérieur de New York une jeune fille avec des anomalies faciales et regarda ses deux enfants, impuissante, ne sachant trop comment répondre face à une telle situation. Sur le chemin du retour à New York , la chanson Wonder de Natalie Merchant  était sur ​​la radio et a inspiré le titre du roman de Raquel J. Palacio . Aux États-Unis Wonder a recueilli une couverture médiatique impressionnante et les droits ont été vendus dans la foulée à huit pays non anglophones, traduisant Wonder en chinois, allemand, français, catalan, coréen, espagnol, puis dans 36 pays. 

  À ce jour, plus d'un million d' exemplaires du livre ont été vendus.
Aujourd'hui directrice de la partie enfants de la maison d'édition Workman, elle habite à New York avec son mari, ses deux fils et ses deux chiens.

Vous pouvez suivre l'auteure sur son blog ici



Le pitch  

Je m'appelle August. Je ne me décrirai pas. Quoi que vous imaginiez, c'est sans doute pire.  
Né avec une malformation faciale, August, dix ans, n'est jamais allé à l'école. Aujourd'hui, pour la première fois, ses parents l'envoient au collège... Pourra-t-il convaincre les élèves qu'il est comme eux ?
Dans la lignée du Bizarre incident du chien pendant la nuit, un petit bijou de sensibilité et de drôlerie. Un roman irrésistible sur le destin peu ordinaire d'August Pullman, un enfant différent.

J'aimerais bien que ce soit tous les jours Halloween. On porterait tous des masques. Comme ça on pourrait prendre le temps d'apprendre à se connaître avant de dévoiler nos visages.

Ce que j'en ai pensé

Total coup de cœur pour ce roman pourtant classé littérature jeunesse... Dans la lignée de La guitare de Michel Del Castillo, voici l'histoire d'un être humain à l'apparence de "monstre". Elephant man enfant de nos jours, Wonder est une belle leçon de vie.

Entouré d'une famille aimante, de parents  et d'une grande-sœur formidables, Auguste, que tous surnomment Augie, est un petit garçon déterminé et intelligent. Il acceptera donc avec courage d’intégrer pour la première fois une école et de se confronter aux rapports sociaux et aux regards de ses camarades.

Là aurait pu s’arrêter les aspects positifs de ce roman, le classant dans un sympathique et mignon écrit sur l'intégration. Mais il n'en est rien ; au fur-à-mesure du roman le narrateur change, laissant la place tour à tour aux amis, à la grande-sœur ou au petit-ami de celle-ci. Roman portant sur le regard d'autrui  et sur les apparences, la première impression et les rapports humains, wonder ne va pas dans la facilité. 

Car aux yeux de certains, Augie est presque plus chanceux qu'eux, entouré de parents aimants et inventifs dans leur manière d'affronter la vie,  bien que tout cela ne soit pas si "rose" qu'il n'y parait, notamment pour sa grande-sœur... A la manière d'un prisme reflétant les nombreuses facettes de l'impact d'une vie sur d'autres, Wonder renvoie de façon morcelée mais avec relief à une vérité sociale, la majeure partie du temps sans concessions. 

L'un des aspects également traité avec intelligence par l'auteure est la question de l'interaction entre Augie et les autres ;  rejet, gène ou intérêt qui semblent  des réactions évidentes, mais aussi, de façon plus fine sans jamais l'énoncer, l'idée préconçue qu'une déformation va de pair avec un handicap mental. Ainsi, certains adultes abordent-ils Auguste avec une gentillesse polie mâtinée d'un comportement, de mots ou de gestes débilitants. 

 Attachant, fan de star wars, intelligent, Augie suscite rejet, amour, amitié, horreur chez tout un chacun, semblant faire ressortir le pire et le meilleur dans son entourage. En cela réside le message fort de Wonder ; plutôt que des "monstres", les individus comme Augie sont des reflets de nos tréfonds, miroirs de nos propres monstruosités. A nous tous, donc, de faire en sorte de voir quelque chose dont nous puissions être fiers dans ces miroirs sans artifices, cadeaux pour ceux qui ont la volonté d'être de véritables êtres humains ! 

Jolie leçon à méditer, donc, et à expérimenter s'il advient que nous croisions des personnes nous sortant de notre confort social aseptisé....  

Si je trouvais une lampe magique et si un seul souhait m’était accordé, je demanderais un visage ordinaire que personne ne remarque jamais. J’aimerais pouvoir marcher dans la rue sans que tout le monde me regarde et puis détourne les yeux à toute vitesse. Voici mon idée : la seule raison pour laquelle je ne suis pas ordinaire, c’est que les autres me voient comme ça.


En résumé... 

Les plus;
  • Des personnages vrais et justes, 
  • un personnage principal attachant et intelligent mais restant un enfant dans sa psychologie, 
  • une jolie leçon de vie.
  Les moins;   
  • son classement en littérature jeunesse.... 
  
C'est marrant, on peut dire des parents "surprotecteurs", mais on n' a pas de mots pour décrire le contraire. Pour parler de parents qui ne vous protègent pas assez. "sous-protecteurs"? Négligeant ? Égoïstes ? Nuls ? Tout ça en même temps.

En conclusion;

Un roman simple, sans grandes prétentions mais apportant beaucoup. Juste dans son écriture des personnages, dur et moche par moments, beau et merveilleux par d'autres, Wonder est un roman accessible à tous. Un concentré de bonnes ondes réalistes. 

 La grandeur d'esprit ne repose pas sur la force, mais sur l'usage que l'on en fait... Le plus grand est celui dont la force soutient le plus d'âmes en les attirant auprès de la sienne.

Cités dans cet article  


Pour aller un peu plus loin 

pour les enfants; 
 pour les grands ;

2 commentaires:

  1. Merci pour cet article et pour les suggestions de littérature enfantine qui devraient plaire à mon Cha :)

    RépondreSupprimer
  2. De rien ;) tenez moi au courant de vos lectures avec votre petit bout et n'hésitez pas à poster vos propositions !

    RépondreSupprimer